Real estate of mind

On dit que les femmes ont toutes par moment, un instinct qui les pousse à désirer une maison, arranger les rideaux, tapisser les murs, remplir les vases de fleurs…

Une généralité que je méprise le plus souvent, pensant que chacun trouve son bonheur où il peut et que l’accession à la propriété a une réputation très surfaite.

Pourtant, faire mon nid, pour y être au chaud, rassurée, protégée… j’y pense parfois.

Surtout lorsque je découvre, au milieu de mes mails, l’image insolite et parfaitement équilibrée d’un nid d’aigle haut perché, inaccessible forteresse…

Etonnant et fascinant… Des gens habitent là, vous croyez ?

C’est magique*.

Alors je regarde autour de moi et je déteste l’appartement en location dont les murs ont jauni, au parquet défoncé, qui n’a pas de volets et dont la chambre d’amis est transformée en annexe du sentier, envahie par les vêtements.

Je pourrais agir, bien sûr et j’ai essayé parfois. Mais je n’ai pas les moyens de mes rêves et pas envie de les brader.

Paris que j’aime m’étouffe.

Acheter… en voilà une idée. Avoir un endroit rien qu’à nous.

Mais comme les prix sont prohibitifs et qu’il n’est pas question de s’éloigner dans un arrondissement à 2 chiffres, je continue de recevoir et guetter les annonces, de voir grimper les prix et d’imaginer que je gagne au loto (sans jouer).

Par exemple celui-ci, me plaît bien :

Paris 01 – Dans un bel immeuble pierre de taille d’angle, à l’étage noble, élégant appartement, parquet, moulures, cheminées, parfait état, décoration très raffinée. Beau balcon avec vue dégagée. Galerie d entrée, double réception, cuisine, 1 chambre avec sa grande salle de bains.

Bon évidemment, à 18000€ du mètre carré, c’est tout bonnement du vol !

Mais tout de même, prendre avec Lancelot le petit déjeuner sur ce balcon avant d’aller se promener au Palais Royal…

Quand je commence à regarder, je ne peux pas m’empêcher d’amplifier, peu à peu, la force du fantasme.
Le surf immobilier est plus puissant pour moi que celui de la mode, le croyez-vous ?

Parfois les deux se rejoignent…

Ah tenez, je me demande si ce n’est pas là que vivait Yves-Saint-Laurent :

Paris 07 – Dans une rue calme au cœur du quartier des galeries, une maison de ville fin XIXe récemment transformée en une spectaculaire demeure contemporaine d’une qualité exceptionnelle par un grand collectionneur avide de volumes (10 m de plafond dans le grand salon). Superficie 350 m² sur 4 niveaux reliés par un ascenseur en verre. Salon-bibliothèque, salle à manger, grand salon, 3 chambres, 2 bains, 2 dressings, hammam.

Et les portes ouvrent sur un petit endroit sympa pour sortir fumer ou juste prendre l’air.

J’y entendrais bruisser les étoffes… je me lèverais la nuit dans l’espoir de converser avec un fantôme…

Allez je change les critères, voyons voir les hôtels particuliers !

Paris 04 – Au coeur du Marais historique, un chef d’oeuvre architectural du XVIIe siècle classé Monument Historique, d’une superficie de 1 700 m2 environ, doté de 2 magnifiques cours intérieures et d’une grande terrasse au calme absolu. Dans les étages, on découvre à la fois 4 salons classés d’une beauté exceptionnelle, mais aussi de vastes appartements à rénover qui offrent des possibilités importantes d’aménagement. Sans conteste un des plus beaux hôtels particuliers du Marais, une opportunité unique d’acquérir une des dernières demeures historiques encore en mains privées.

Oui c’est un peu chargé la déco… est-ce qu’on s’y sentirait réellement chez soi ?

Mais je m’habituerais. On s’habitue à tout. Et puis les terrasses, pour donner un bal l’été, ce serait féerique !

Souvent même, il me prend des envies folles de quitter Paris, de vivre à la campagne… mais pas trop loin !

77 Seine et Marne – Triangle d’Or, à 15 mn de Barbizon, proche écoles internationales et golfs. Edifié sur une île au centre d un parc de 15 ha à l abri des regards ce château dont l’origine remonte au XIVe siècle, a été reconceptualisé en gardant son authenticité. Beaux éléments anciens : parquets versaillais ou au point de Hongrie, sols en émaux, cheminée… 900 m2 habitables répartis sur 3 niveaux composés de grandes réceptions, de grandes et belles suites. Communs : appartement de gardien. Pêche, chasse (faune et flore importante) promenade en barque (1 km de rivière et étang) en font une demeure champêtre en zone naturelle protégée. Cadre remarquable, lieu enchanteur et atemporel. Rare.

Un petit château où recevoir des amis… et peut-être même que je me mettrais au jardinage.

J’aurais une roseraie, un labrador, un cheval et une piscine.

Rapidement, je me dis que les boutiques me manqueront, que Barbizon c’est probablement barbant.

J’aime Paris donc, même si Paris parfois me dévore, me consume…

Comprenez-moi… j’ai grandi là :

Quand la nostalgie s’empare de moi, cette image me donne les larmes aux yeux… « Quand reverrai-je hélas de mon petit village fumer la cheminée ? ». Vivre entre mes parents le reste de mon âge ne me semble pas une perspective désagréable.
Plus tard, quand Lancelot sera à la retraite (à 78 ans), nous le ferons.

Là, je pars en vrille !
La nostalgie cède le pas au rêve, le fantasme au délire.

C’est dans l’Angleterre Victorienne de Jane Austen que je veux habiter.

Je choisis Pemberley, suivant les traces de Lizzie Bennett.

Mais quitte à vivre de ce côté de la manche et à supposer que l’illusion puisse prendre corps, je m’habituerais peut-être à Poudlard et ses escaliers qui bougent, ses passages secrets, ses armures, ses portraits animés…

Quelle armada d’elfes de maison il me faudrait alors pour garder l’endroit décent !

Et puis si verte que soit ma vallée, aucun labyrinthe ne remplacera les paysages de Toscane qui servaient de décor à « Beaucoup de bruit pour rien »…

Cap au Sud, découvrir l’Italie du geek et ses jardins fabuleux…

Mieux encore, changer de peau, de visage, d’âge, d’histoire, d’époque, de vie… et être Angélica / Claudia Cardinale, découvrant avec Tancrède, comme deux enfants émerveillés et amoureux, le château endormi.
Ils se poursuivent dans les couloirs, se faisant peur et riant du soleil qui envahit soudain une pièce, roule-boulant sur un matelas dans un nuage de poussière sicilienne…

Ma scène préférée du Guépard. Je ne l’ai pas trouvée seule, mais le reste n’est pas désagréable à regarder.

Vivre dans un film de Visconti, le voilà mon rêve immobilier ultime !

Après ça, pour ne pas avoir envie de creuser dans les murs autour de nous, se souvenir qu’il y a plus mal logé : je jette un œil à une dernière demeure, pour me réconcilier avec mon immeuble salubre :

Faut aimer les travaux, mais il y a un potentiel évident !

Vous en découvrirez d’autres en cliquant sur le lien que je vous mets en bas d’article, si le concept vous plaît.

Finalement, je suis bien chez moi !
Ma maison, c’est Lancelot, et avoir des chaussures pour colocataires, mon choix et mon plaisir.

Edit : Je voudrais quand même bien habiter chez Alix depuis que j’ai vu sa déco de Cherry Blossom Girl

Anne

Lien : maisons abandonnées

* la première photo est un montage magnifique qui vient du site de Jan Oliehoek.

Oui ce post date un peu, mais quand Paolo est à une réunion de geeks et Anne a une migraine, on fait comme pas mal de chaînes de télé, on ressort des émissions pour rediffusion ! Pardon…

35 réflexions sur “Real estate of mind

  1. Le rêve d’être propriétaire c’est un doux rêve, je suis comme toi, quitte à être propriétaire, autant choisir une demeure cossue et de charme, je n’ai pas envie de finir propriétaire d’une masure comme la dernière photo. Franchement je suis preneuse sur l’appartement style Yves Saint Laurent. Alors en attendant on compense ma Chère Anne et on remplit nos armoires, ça coute moins cher, ça nous fait du bien, et on ne se tue par la têche au travail pour s’offrir quelques belles pièces (quoique :))
    Merci de ce post et de ces magnifiques demeures (enfin pas toutes)

    • Je ne suis pas sûre pour YSL, mais c’est crédible 😉
      Merci à toi !
      Et oui, à force de se faire plaisir les placards débordent… mais je vous réserve une surprise à ce sujet…
      Bisous
      Anne

    • Ils cherchent une grande inquisitrice, t’es partante ? ou tu préfères la divination ? Moi je choisis le cours de métamorphose 🙂

  2. MrsB dit :

    Un jour de folie j’ai acheté une masure comme sur la dernière photo, dix ans après …hmmm, c’est une trop longue histoire pour la raconter mais c’est une belle aventure.

    Ta maison d’enfance a tout l’air d’ une maison heureuse et habitée, c’est un magnifique atout dans la vie d’avoir eu une enfance dans une maison heureuse et habitée.

    Je te rejoins sur Luchino Visconti, c’était un décorateur hors pair, rien ne fait défaut dans ses films. Magnifique et magique mais trop écrasant pour moi, je me sentirais épinglée comme un papillon crucifié sur une planche d’entomologiste en herbe.

    • En te lisant, je sens bien que tu n’as pas tort pour Visconti…
      Revenons donc à la campagne française et aux maisons qui vivent !
      J’adorerais découvrir la tienne. Une photo ?
      Je t’embrasse et attends de tes nouvelles par mail 😉
      Anne

  3. VGD75 dit :

    Moi je vote pour la maison du 7è… Quand on voit les prix, c’est la lose, surtout que je suis locataire dans un arrondissement à 2 chiffres alors pour devenir propriétaire… il n’y a plus qu’à retourner à Limoges! (la misère)

    • Limoges ? j’y suis née !!!
      Jamais je n’y retourne.
      Mais la campagne autour… c’est très joli et pour le prix d’un studio parisien, tu as une gentilhommière avec de l’espace, du cachet, un petit bois… et probablement pas de connexion internet 😉

    • Je suis méchante en fait… une grande partie de ma famille est dans ce coin et ils me lisent ! Preuve qu’ils ont internet… en plus de la basse-cour !

  4. MrsB dit :

    Et on a même tous les e-shop du monde avec l’Internet. 😉
    Je suis née à Paris, jamais je n’y vivrais.

    PS Photo par mail.

    • Merci !!!
      Ta maison a l’air vivante et joyeuse… et raffinée et belle… je ne peux croire que tu es partie d’une masure comme celle que je montre 😉

  5. VGD75 dit :

    J’ai des amis qui sont restés, ils sont tous proprio et ont tous une connexion Internet (mais pas le supermarché ni le ciné en bas de chez eux). Le pire c’est que ça ne me fait même pas envie (je hais la campagne)

    • Moi je l’aime, mais je n’ai pas vraiment le choix.
      Plus tard peut-être…
      Il me faudra alors trouver encore des choses à vous raconter, ça risque d’être un brin plus compliqué mais pas impossible 😉

  6. Chris dit :

    J’ai revendu la maison de ma grand-mère à regrets pour la charge de souvenirs, sans regret car située dans un petit village en train de mourir tout doucement.
    Mon choix se porterait sur l’hôtel particulier du Marais, quartier dans lequel j’ai bossé 17 années durant et que je regrette bien.
    Ces maisons abandonnées sont étonnantes et je me prends à me poser des questions sur les gens y ayant vécu. Ont-ils été heureux ? Quelles circonstances ont présidé à l’abandon ? Leurs âmes hantent-elles les lieux ?

    • En se groupant (faudrait vraiment qu’on soit nombreux ;)) on peut peut-être acheter l’hôtel du Marais, y’aurait de la place pour tout le monde !
      Tu as raison pour les maisons abandonnées.
      Moi aussi je suis fascinée par ce site… des images incroyables qui stimulent notre imaginaire.

  7. Pascal dit :

    Anne tu es née a Limoges toi..j’y passe plusieurs fois par an, le foncier bati y est tres accessible, en tt cas bien en dessous des 18000€/m2.. bel article en tt cas, si ce n’est cette remarque: au dela de la puissance évocatrice de l’image, l’inaccessible forteresse a juste un petit souci d’echelle, a la proportion question transversale et difficile en architecture, tout est la.. et puis il manque peut etre également l’image d’un sdf..bises

    • Bonjour Pascal !
      C’était un fantasme, tu l’auras évidemment compris.
      Il me semblait que la dernière image, sans être violente, évoquait la situation des sans-abris mieux qu’une photo.
      Mais j’y ai songé, bien sûr.
      Et je suis consciente de ma grande chance…
      Quant à la première photo, oui, c’est un peu louche, mais magique.
      Bon évidemment, il ne faut pas accoster trop brusquement : un coup de rame dans la base pouvant faire s’écrouler tout l’édifice comme un château de cartes.
      Bisous
      Anne

  8. Ah! Le charme des immeubles parisiens et des demeures françaises me manque parfois, bien que je vive dans un pays magnifique! Je viens juste d’acheter une maison (je n’habite pas Paris, et dans la campagne piémontaise, les prix ne sont pas très élevés): je vais enfin avoir de la place pour ranger tout mon bazar!

    • Veinarde ! On a hâte de voir les images sur ton blog génial 😉
      En tous cas, moi j’y serais… déjà en déménageuse, tu avais toujours du style (mais comment fait-elle ?) alors je suppose qu’au milieu de ton dressing, même en friche, tu seras telle Anna Delo Russo dans sa suite au Ritz…
      A suivre dans tes aventures fantastiques.
      Bisous
      Anne

  9. Aude A dit :

    J’adore absolument ta dernière phrase ( et je pèse mes mots …), quelle belle déclaration d’amour ! Je pratique aussi le surf immobilier, sport Ô combien acrobatique et frustrant …

    • Merci Aude ! C’est vrai que je l’aime mais chut… il ne faudrait pas qu’il s’en doute trop 😉
      Surf immobilier, un vrai sport tu as raison ! Depuis peu j’ajoute à ça google et ses photos satellite qui permettent de voir quels immeubles ont des cours vertes , des jardins dans la ville, entre les murs, insoupçonnés… et je rêve, encore et encore.

    • Tu ferais une merveilleuse attrapeuse, j’en suis certaine ! Finalement peut-être plus Ginnie que Dori 😉
      Mais si tu voulais métamorphose, je te le laisse, j’hésitais avec sortilèges : Flitwick se fait vieux…

  10. Tu me donnes envie de revoir le Guépard !
    Je suis en pleine campagne en ce moment, avec un internet au débit plus rapide qu’en ville… comme quoi ! Et à Mexico l’avantage est de pouvoir trouver un grand appartement à des prix convenables, rien à voir avec la folie de Paris… mais Paris c’est Paris !
    Finalement, à bien réfléchir, j’aime beaucoup la petite terrasse pour déjeuner du premier appartement avec la grande pièce du second… Un mixe des deux, ce doit être possible ?

    • Dommage, je ne sais pas ton prénom… mais merci pour ce commentaire d’outre-atlantique !
      On a envie de plus, de photos, d’odeurs, de chaleur aussi 😉
      Moi aussi je veux revoir le Guépard ! Je m’endors devant le dvd ce soir, c’est décidé.
      Bisous ma lectrice mexicaine.

    • fake_finder dit :

      c’est bon tu peux refermer ta bouche bée, c’est un beau fake. le chateau sur l’ile est un montage l’ile Roche Ko Phing Kan en Thaïlande (James Bond) avec le château du Lichtenstein

      http://pear.ly/btC1L

  11. C’est clair, toute ces belles maisons ca fait rêver. Occupation peut-être futil, mais c’est toujours agréable d’avoir un beau chez soi 😉
    Bisous

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  13. isabelle dit :

    Je ne l’avais pas vu ce post. Le premier montage est dingue. Quand à l’appartement du 7 ème, il ressemble en effet très fortement à celui de Yves Saint Laurent. Mais j’ai beaucoup de sympathie pour les deux dernières maisons. Après le passage d’une tornade? Diable, il fait être bricoleur.

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